La respiration du papier
Dès que je pousse la porte de mon atelier, mes alvéoles pulmonaires s’ouvrent. Je respire profondément. J’entre en émotion, en turbulences, en création.
Je travaille plusieurs supports : toile, soie, bois, zinc ou cuivre. Mais le papier reste pour moi la matière la plus sensible : ses fibres naturelles vont se chercher dans l’eau, s’entremêler, se souder pour résister et devenir feuille. Je coupe, grave, incise, pique le plus souvent, à l’aide d’une aiguille à matelas, de tire-crin, d’ébauchoir en buis… Sous les pics répétés, la surface du papier vibre, résonne, bat au rythme du cœur. J’écoute. J’écoute sans me lasser les « points-sons » frappés par milliers.
La feuille se transforme peu à peu, vêtue de stigmates. Elle se module, ondule ; de plane, elle devient presque sculpturale. Le papier peau prend forme et respire silencieusement. Avec intensité dans la présence d’un filet de lumière.
Murmure d’eau 2016
13740 piquages à la main sur papier Arches peint à l’encre bleue
66x102 cm
2016
Bio
1958 - Prix de piquage en classe de douzième
1985 - Première création pour l’Institut d’Astrophysique de Paris
1988 - Bonheur de donner vie
2012 - Lumière Poèmes de J-P Luminet - premier livre filigrané reçu par la BnF