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L’Art de l’exil, l’orient et le miel de l’invisible

L’Exil est l’horizon de notre monde contemporain depuis que des peuples de migrants sillonnent le monde mais nous-mêmes, malgré l’exil, nous sommes ici, envahis, « terrorisés » par ces images de satellites, images qui n’imaginent plus rien et nous exilent cette fois de nous-mêmes et nous éloignent de nos propres vibrations. 

Partir est un art mystérieux, avec mon exil (hégire) j’ai découvert l’art de la métamorphose. Je viens de l’Orient, destination autrefois des Romantiques, là où s’élève la lumière mais l’Orient est d‘abord une destination spirituelle, S'Orienter c'est se tourner vers son Orient, vers son Autre et son Inconnu. Cette terre de promesse d’aubes aux doigts de rose (Homère) me manque, elle manque à tous. L’Orient a aujourd’hui perdu son âme ou peut-être même est-ce l'âme qui a perdu son orient comme on le dirait d’une perle. Je suis en quête de vision intérieure, celle que l’artiste élabore dans la camera oscura de son âme. J’ai grandi entre ombre et lumière, un apprentissage prodigieux. Les moucharabiehs ne sont pas des prisons mais des surfaces réfléchissant la lumière, un seuil entre l'intérieur et l'extérieur, l’intimité et le dehors, l’œil voyage et se meut dans une danse rythmée de vides et de pleins. Cet art de l’invisible, cette ombre qui voile la réalité mais dévoile l’autre réalité me sauve. Alors, je suis comme ces abeilles de Rilke, j’écris et je butine " éperdument le miel du visible, pour l’accumuler dans la grande ruche d’or de l’Invisible."

Karima Berger WEB 800pxConférence Berger

 

Bio

Karima Berger est écrivaine, auteure de plusieurs romans et essais tous inspirés par la double culture arabe et française de son enfance algérienne. Dans Éclats d’islam, elle écrit « Je suis arabe et française, orientale et occidentale, musulmane et laïque, femme et écrivain… Ces sources qui m’animent m’inventent chaque jour… et c’est dans les méandres de leurs flux que je surprends parfois mon reflet, mes reflets… ». Cette épreuve de l'étranger la conduit à interroger l'homme en situation d'exil et ses capacités spirituelles de création donc d'enracinement. Son dernier essai Hégires est paru en 2017.